Plagiocéphalie – Tête plate

 

Le contenu de cet article s’appuie à la fois sur les recommandations de la Haute Autorité de Santé, sur la littérature scientifique internationale et mon expérience ainsi que celle d’enfants et de parents reçus en consultations.

 

On distingue deux types de déformations crâniennes: les déformations crâniennes positionnelles ( DCP) et les craniosténoses. Dans cet article, je vais vous parler principalement des DCP. Les craniosténoses sont des fermetures prématurées d’une ou plusieurs sutures du crâne, leur prise en charge est médicale et nécessite un avis chirurgical avant tout. Nous ne pouvons la prendre en charge en ostéopathie.

Les déformations crâniennes positionnelles sont de deux types :

  • les brachycéphalies  qui sont un aplatissement de l’arrière du crâne de manière globale, symétrique ;
  • et les plagiocéphalies définies par un aplatissement d’un coté du crâne (asymétrique) souvent associé une avancée du front (os frontal) et de l’oreille du même côté.

A noter que le terme « plagiocéphalie » peut regrouper selon certains auteurs l’ensemble des différents types de têtes plates chez les bébés.

Selon la dernière étude française réalisée, il y aurait environ 40% de nourrissons concernés par ce problème de tête plate (Di Rocco F et al. Prevalence and severity of positional plagiocephaly in children and adolescents. Acta Neurochirurgica 2019;161(6):1095-8.)

 

 

Les différentes causes d’apparition d’une déformation crânienne positionnelle:

  • Pendant la grossesse : Le manque de place du bébé (gros bébé, ou première grossesse, jumeaux …), contractions fréquentes et mauvaises positions intra-utérines ;
  • Pendant accouchement : Accouchement long (avec faux travail), expulsion longue, utilisation de certaines manœuvres obstétricales, prématurité;
  • Pendant les premières semaines de vie : Manque de temps d’éveil sur le ventre, de stimulation droite-gauche, manque de portage et surutilisation de matériel de puériculture (transat, cosy, balancelle, hamac, cocconababy, domoo, cale-bébé, coussin anti-tête plate, réducteurs,…), position préférentielle du bébé avec déficit de rotation cervicale (torticolis postural) ou torticolis musculaire congénital (incapacité à tourner la tête de l’autre côté)

Le couchage sur le dos n’est pas à remettre en cause car l’enfant peut tourner la tête des deux côtés librement.

La Haute Autorité de Santé résume les causes d’une DCP par la limitation de motricité libre et spontanée du nourrisson par défaut de mobilité propre à l’enfant ( type torticolis) et/ou par contrainte environnementale externe ( sur utilisation de matériel de puériculture, manque de portage ou de stimulation, de temps d’éveil sur le ventre ( Recommandations HAS).

 

 

Le diagnostic de l’asymétrie crânienne est recherchée à la naissance et à chaque visite médicale de contrôle jusqu’à l’âge de 1an, car la déformation apparaît secondairement le plus souvent.

Les DCP sont de bon pronostic. Aucune donnée actuelle de la littérature ne permet de conclure à un lien de causalité entre DCP et retard neurodéveloppemental, troubles spécifiques ophtalmologiques, oculomoteurs ou vestibulaires. Seuls les troubles de l’articulé dentaire peuvent être retrouvés dans certaines formes sévères.

Des retentissements esthétiques peuvent persister à l’âge adulte. En effet, la littérature scientifique montre qu’une asymétrie est retrouvée chez 10% des adolescents ayant une plagiocéphalie durant leur enfance (essentiellement ceux ayant eu des formes modérées à sévères).

Traitement des plagiocéphalies:

 

Tous les spécialistes et auteurs sont d’accord pour dire qu’il faut être attentif au développement des nourrissons présentant une DCP d’où l’importance de la prévention et le respect de la motricité libre et spontanée de l’enfant.

Dans les DCP constituées associées à un défaut de mobilité cervicale, l’association précoce de recommandations positionnelles et de kinésithérapie à orientation pédiatrique reste l’intervention de choix.

Cependant, une approche ostéopathique peut être associée à la kinésithérapie lorsque celles-ci ne suffisent pas à corriger la préférence de rotation et la déformation. Le but de l’ostéopathe sera alors de quantifier la déformation et dans un deuxième temps de la traiter grâce à des mobilisations douces. Les restrictions de mobilité cervicales seront levées et l’enfant pourra rapidement tourner la tête des deux côtés.

En cas de DCP sévère (graduation faite par les professionnels de santé) et sans amélioration après prise an charge adaptée, une orientation par le médecin vers un centre de références en DCP peut être recommandée (avis d’un neurochirurgien) pour l’indication d’un orthèse crânienne (casque). Lui seul évalue la balance bénéfice-risque.

En prévention, l’ostéopathie peut être préconisée dès lors qu’ une préférence de rotation de la tête est présente.

A noter qu’il n’est jamais trop tard pour consulter, même si les chances de récupérer une symétrie s’amenuise avec le temps, il s’agira de traiter la cause de la déformation afin d’assurer un développement harmonieux de l’enfant.

Le nombre de séance nécessaire dépend évidemment des cas. En pratique , une consultation d’ostéopathie peut suffire lorsque le traitement a lieu très tôt dans le premier mois et que l’asymétrie posturo-motrice de l’enfant est légère.

La plupart du temps c’est la combinaison des conseils posturaux donnés aux parents, de la kinésithérapie et de l’ostéopathie qui sera le plus bénéfique à l’enfant. Je travaille par ailleurs avec plusieurs kinésithérapeutes spécialisés en pédiatrie dans les alentours (31 et 82).

 

Prévention des plagiocéphalies-tête plate :

 

Ci-dessous, veuillez trouver les recommandations de la HAS pour la prévention des DCP :

  • Avant la naissance :

Il est recommandé d’aménager un environnement sans risque pour le nourrisson et favorisant le respect de son activité motrice spontanée pendant le sommeil et l’éveil. L’allaitement maternel est encouragé car il est un facteur de protection contre la DCP.

  • Dans les 6 premiers de vie lorsque le crâne est le plus malléable, il est recommandé :

– Sur le temps d’éveil, il est recommandé de favoriser des temps d’interactions de qualité entre adultes et nourrissons, de varier les postures et d’encourager les rotations spontanées de la tête par des sollicitation sensorielles à adapter en fonction de l’âge. Les positions sur le ventre et sur les côtés peuvent être explorées, uniquement sous surveillance, de favoriser le portage dans les bras ou en écharpe en respectant le dégagement du nez et de la bouche, l’enroulement du bassin (forme de C) et variation des postures. Dans la gestuelle du quotidien, il est recommandé l’enroulement des ceintures (bassin, épaules)

Pour le développement optimal de l’enfant nécessite une position sur le dos sans oreiller ( ni autre matériel de puériculture), tapis ferme posé au sol avec des jouets positionnés autour de lui, en évitant les arches de jeu et les mobiles qui fixent l’attention.

– Sur les phases de sommeil, il est recommandé de positionner l’enfant sur le dos dans un lit adapté et d’alterner régulièrement la position vers la tête ou le pied du lit afin d’encourager la rotation spontanée de sa tête d’un côté et de l’autre.

 

Il est difficile d’évoquer ici tous les conseils possibles à vous indiquer. En effet chaque situation est différente et de ce fait, les conseils peuvent varier en fonction des problématiques de chacun.